Saint Roch (Montpellier, vers 1340 - Voghera, 1379) (Sant Ròc en occitan) est honoré le 16 août. Il est le patron des pèlerins et de nombreuses confréries ou corporations : chirurgiens, apothicaires, paveurs de rues, fourreurs, pelletiers, fripiers, cardeurs, et aussi le protecteur des animaux. Son culte, très populaire, s'est répandu dans le monde entier.
Saint Roch de Montpellier
La vie de Saint Roch
Selon l'hagiographie consacrée, Roch naquit à Montpellier vers 1340 et il mourut à Voghera en Italie vers 1376/1379, seul fils d'un consul de la ville et d'une mère nommée Libère. Orphelin très jeune, il fut confié à son oncle. Il étudia probablement la médecine car, pour soigner un bubon, il utilisait une lancette, instrument en usage chez les médecins de la ville (Montpellier possède depuis 1220 une école de médecine).
A sa majorité, il distribua tous ses biens aux pauvres et partit en pèlerinage pour Rome, probablement par le chemin des Lombards (aussi appelé camino francescano - chemin des Franciscains ; c'est une partie de la via Francigena). Il s’arrêta en plusieurs villes d'Italie atteintes par la peste (celle de 1348, appelée peste noire ou bubonique, tuait les malades en cinq jours. Elle ravagea Paris dans les années 1348-1349, puis réapparut vers 1361-1362) et s’employa à servir les malades dans les hôpitaux. Rome étant attaquée, du même mal, il s'y rendit, et s'y occupa de même pendant environ trois ans. À son retour, il s’arrêta à Plaisance, également en proie à l'épidémie.
Roch finit par attraper lui-même la maladie et il se retira dans une forêt près de Plaisance pour ne pas infecter les autres. Seul un chien vint le nourrir en lui apportant chaque jour un pain dérobé à la table de son maître. Ce dernier, intrigué par le manège de l'animal, le suivit en forêt et découvrit le saint blessé, qu'il put ainsi secourir. Saint Roch est généralement représenté avec son chien, dont il est inséparable, d’où l’expression, pour parler de deux personnes inséparables : « c'est saint Roch et son chien ».
Quand il revint dans sa patrie vers l'âge de trente ans, Roch était défiguré par les mortifications qu'il avait subies. À Milan, déchiré par une guerre civile, il fut pris pour un espion et jeté au cachot. Par humilité, il y demeura incognito et périt de misère vers 1378, ses concitoyens ne s'étant rendu compte que trop tard de leur méprise.
Le corps de Roch fut transporté dans la ville de Venise.
Vitrail de Saint Roch
La vie de Saint Roch d’après Jehan Phélipot (1494)
Selon le livre "Vie, Légende et Miracles de Monseigneur Saint Roch", d’après Jehan Phélipot (1494) — Réédité avec notes par M. Luthard, précédé par une notice bibliographique de Jean Renard, Librairie Picard, 1917:
« Saint Roch, glorieux ami de Dieu, guérisseur des maladies de peau et de toutes sortes de pestilence, naquit en des temps fort anciens à Montpellier, autrefois Monté-Pestelario. Ses parents étaient seigneurs terriens, véritablement nobles de la noblesse du cœur. Ils étaient fort âgés et n'avaient point d'enfants. Son père s'appelait Jehan. Sa mère, Dame France, pria le Seigneur de lui donner un fils qui soit dévoué à sa cause. L'Ange du Seigneur la visita et lui dit : « Ô France, sois certaine que tu recevras sa grâce ». L'enfant eut, à la naissance, une croix rouge empreinte sur son côté droit. Il fut baptisé du nom de Roch.
Il perdit ses parents très jeune. Il vendit alors tous ses biens, distribua l'argent aux pauvres et partit en pèlerinage pour Rome. Lorsqu'il fut en Italie, il arriva dans la ville d'Agripendante. Or celle-ci était ravagée par une épidémie de peste. Roch se mit à soigner les malades et à les guérir par le signe de la croix. De même fit-il à Césenne qui, par lui, fut délivrée de la peste. À Rome ensuite, un cardinal fut aussi guéri par lui. De nouveau, il repartit sur les routes. Il soigna encore les malades à Plaisance, mais là, il attrapa la maladie. Il fut alors chassé par ceux qu'il avait guéris et grande réflexion dut-il faire sur la guérison véritable qui n'est pas celle du corps, mais de l'âme et sur le fait qu'à vouloir guérir les autres, on attrape leur maladie !
Il se réfugia dans la forêt. Pour apaiser sa fièvre et laver sa blessure, l'Ange du Seigneur fit jaillir une source. Pour apaiser sa faim terrestre, le chien du seigneur voisin volait chaque jour un pain à son maître. Le seigneur Gothard, attiré par le manège de son chien, le suivit et découvrit Roch au fond de sa retraite. Il se convertit, vendit ses biens et prit à son tour l'habit de pèlerin. Puis l'Ange visita de nouveau Roch et lui dit : « Retourne en ton pays, car tu seras délivré et guéri de la pestilence dont tu es oppressé ». Roch reprit le chemin de Montpellier. Refusant de dire son nom à quiconque et traversant une province en guerre, il fut appréhendé et jeté en prison où il demeura cinq années.
L'Ange le réconforta au moment de sa mort et une grande clarté inonda sa cellule. On trouva dans celle-ci une inscription en lettres d'or disant que tous ceux qui prieront le glorieux Saint Roch seront guéris de la peste. On découvrit la croix rouge sur sa poitrine. Il fut enseveli solennellement. Depuis ce temps, dans toutes les provinces de France et d'Europe, le culte de Saint Roch s'est répandu et il fut longtemps le Saint le plus populaire dans les campagnes. »
Le culte de Saint Roch
Statue de Saint Roch de Châtelet
Saint Roch est invoqué contre:
* les épidémies de peste, choléra, typhus, grippe espagnole, sida, ...;
* la silicose des tailleurs de pierre, des paveurs et des carriers (Roch = roc);
* les maladies des animaux (la cocotte) et de la vigne (le phylloxéra).
La plus ancienne mention connue de son culte se trouve aux archives de la ville de Voghera en Italie où il est question d'une autorisation écrite des échevins permettant l'organisation d'un marché sous la protection du saint en 1382.
Au fil des siècles, saint Roch a été invoqué contre les maladies contagieuses, tant parmi les humains que parmi le bétail. En Italie, en Allemagne et en France, les fripiers, les rôtisseurs, les cardeurs de laine et les paveurs l'ont pris pour patron. L'on dit aussi que c'est à lui que les Pères du concile de Constance durent d'être préservés de la peste et de pouvoir continuer leurs travaux. À Paris, sa fête était d'obligation, et ce fut au XVIIe siècle un tollé général quand l'autorité religieuse décida de la rendre moins solennelle.
Le patronat de Saint Roch
Saint Roch est le saint patron des corps de métier suivants :
- Chirurgiens
- Ouvriers de la pierre
- Gens de la terre
- Boulangers
- Mégissiers ou tanneurs de peaux
- Vignerons
- Maîtres chien (agents cynophiles, éducateurs canins). En cynotechnie militaire, souvent on reprend la phrase « Et par saint Roch, vive la cyno ! » qui vient clôturer un discours avant de commencer un repas ou un pot.
- Bateliers
Il est également le patron des animaux et des végétaux.
Les reliques de Saint Roch
Saint Roch fut enterré avec dévotion à Voghera qui, immédiatement après sa mort (avant 1391) lui consacra une fête. Sa dépouille mortelle, gardée dans l'église qui lui est aujourd'hui dédiée, fut volée, ou fit l'objet d'une transaction, en février 1485 (à l'exclusion de deux petits os du bras) et transportée à Venise, où elle est toujours, hormis quelques reliques, dont un tibia, donné au XIXe siècle au sanctuaire Saint-Roch de Montpellier, qui possède également son bâton de pèlerin.
Les attributs de Saint Roch
On reconnaît saint Roch à son bâton (le bourdon) qu'il tient à la main. Parfois, il porte une besace, le chapeau et la cape de pèlerin (où figure une coquille Saint-Jacques). Un chien se tient à ses côtés avec un ange. Il relève un pan de sa cape pour faire voir la plaie qu'il a à la jambe.
Dictons à propos de Saint Roch
- « La Saint-Roch annonce le temps d'automne. »
- « À la Saint-Roch, les noisettes on croque. »
- « À la saint Roch, grande chaleur prépare vin de couleur. »
- pour les laboureurs : « Après la Saint-Roch, aiguise ton soc et chausse tes sabots » car le moment est venu pour eux de préparer les labours pour les semailles d'automne.
On dit aussi:
- de deux personnes inséparables : « C'est Saint Roch et son chien ».
- ou bien : « Qui aime saint Roch, aime son chien. »
- de quelqu’un de mal peigné : « peigné comme saint Roch ».
- de deux personnes qui toujours se suivent : « Qui voit saint Roch, voit bientôt son chien ».
Documents à consulter
Roch de Montpellier Voghera et son saint
Cet essai a été publié dans sa version originale en octobre 2001 dans le but de présenter un texte rigoureux et facile à consulter. Il a fait l’objet d’un travail de mise à jour, de consultation des études et recherches disponibles à ce jour sur la vie et la légende de saint Roch. Pierre Bolle et Paolo Ascagni ont été chargés par l’adjoint au maire de la Commune de Voghera, Daniele Salerno, de rédiger ce texte. L'ensemble des études est disponible sur le site: http://www.sanroccodimontpellier.it/francese/santo.htm
Sources:
reconnaît saint Roch à son bâton (le bourdon) qu'il tient à la main. Parfois, il porte une besace, le chapeau et la cape de pèlerin. Un chien se tient à ses côtés avec un ange. Il relève un pan de sa cape pour faire voir la plaie qu'il a à la jambe.
Liste précise des attributs de saint Roch :
- Bourdon de pèlerin ;
- Bubon ou plaie en haut de la cuisse gauche ;
- Chapeau à larges bords ;
- Chapelet attaché à la ceinture ;
- Chien ;
- Coquilles Saint-Jacques cousues sur l'habit ;
- Gourde attachée au bourdon ;
- Haut-de-chausse baissé sur la jambe gauche ;
- Pèlerine de voyageur ;
- Pestiféré qu'il guérit.