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A nous, Mousquetaires !

A nous, Mousquetaires !

De tous temps, les empereurs - rois - princes… se sont entourés d'une «Garde personnelle» qui les protège dans leurs résidences, lors de leurs déplacements, et sur les champs de bataille. En France, il s'agit de «la Maison Militaire du Roy», un corps puissant composé de fils des plus illustres familles de la noblesse. Ces jeunes nobles sont entraînés au combat et doivent devenir des experts en escrime, en tir de précision, en équitation, pour espérer rejoindre, dès l'âge de seize ans, l'escorte royale dont les mousquetaires représentent l'élite depuis 1622. En effet, c'est en 1622 que le roi Louis XIII décide de créer un corps de cavalerie distinct, équipé du mousquet à mèche en lieu et place de la carabine (1). Une épée et deux pistolets complètent l'armement des premiers mousquetaires qui portent une cape bleue agrémentée d'une croix argentée et qui chaussent des bottes très particulières en cuir naturel, tombant en entonnoir.

En 1634, Louis XIII se proclame leur capitaine. Précisons : «Capitaine de la Compagnie des Mousquetaires du Roy», car il existe depuis 1626, les Mousquetaires du Cardinal qui protègent le Cardinal de Richelieu, conseiller du roi, confident de la reine mère Marie de Médicis, et perpétuellement menacé par les «Grands Vassaux» qui sont jaloux de son pouvoir et opposés à sa politique. Les deux corps se distinguent par la couleur de la cape : bleue pour les mousquetaires du Roi, rouge pour ceux du Cardinal, et ce n'est qu'en 1660, un an avant sa mort, que le cardinal Mazarin, successeur de Richelieu, conseiller de Louis XIV, renonce à «sa Garde» qui devient dès lors, «la 2e Compagnie des Mousquetaires du Roy» et dont les membres ne sont pas issus obligatoirement de la noblesse. Outre le recrutement et dans le cadre de «l'Etiquette» imposée par le Roi-Soleil, les deux compagnies se différencient par la couleur de la robe des chevaux : blanche ou grise pour les montures de la 1ère Compagnie, noire pour celles de la Seconde, d'où la distinction entre «les Mousquetaires gris» et les «Mousquetaires noirs». Qu'ils soient «les Gris» ou «les Noirs», les mousquetaires sont des cavaliers d'exception mais qui doivent souvent combattre à pied, comme au siège de Valenciennes en 1667, par exemple. D'ailleurs, les mousquetaires constituent un corps à la fois de cavalerie et d'infanterie. Les exercices et les revues se font de deux manières : tantôt en «bataillons» (à pied), tantôt en «escadrons» (à cheval). Louis XIV aime les passer en revue, tantôt à pied, tantôt à cheval. Chaque compagnie possède un porte-drapeau (à pied) et un porte-étendard (à cheval), les 250 hommes sont répartis en deux groupes : 100 gardes à cheval qui accompagnent le roi et 150 combattants à pied auxquels s'ajoutent les surnuméraires qui complètent leur instruction. Ils sont entraînés par cinq tambours et un fifre, plus tard par six tambours et quatre hautbois (3). Leur ardeur, leur grande mobilité et les feux nourris de leurs mousquets influencent souvent l'issue des combats. Leur apport est surtout décisif lors de la Bataille des Dunes, en 1658, près de Dunkerque, et permet à Monsieur de Turenne de battre le Grand Condé, alors révolté contre son roi et qui commande l'armée espagnole. On prétend que Louis XIV racontait souvent cette action avec un plaisir infini. Au terme des Guerres de Hollande, la France parvient à conquérir la Franche-Comté et de nombreuses places fortes dont Valenciennes, Condé, Saint-Omer, Ypres… mais c'est au siège de Maastricht, en 1673, que le très célèbre comte de d'Artagnan se fait tuer. Louis XIV écrit «J'ai perdu d'Artagnan, en qui j'avais la plus grande confiance et qui m'était bon en tout.» Cet hommage du Roi-Soleil à son capitaine, pourrait s'adresser à tous les mousquetaires qu'a comptés la Maison Militaire du Roy, car jusqu'à leur dissolution en 1775 pour raison financière, les mousquetaires ont représenté la fidélité, la bravoure et le panache français. C'est au nom de ces valeurs, que lors de la première Restauration en 1814, le roi Louis XVIII veut recréer les deux compagnies de mousquetaires. Ainsi, le général d'empire Etienne Champion, comte de Nansouty qui se rallie aux Bourbons, devient capitaine de la 1ère Compagnie des Mousquetaires, tout comme le marquis de Lauriston qui commanda la fameuse artillerie de la Garde àWagram. Quant au général Lagrange, le héros d'Essling, il reçoit la 2e Compagnie, celle des Mousquetaires noirs. Cette expérience se terminera en 1815.

(1)C'était les Carabins, des gentilshommes qui assuraient la protection rapprochée de son père, le roi Henri IV.

(2)C'est dans cette Compagnie que le d'Artagnan historique, de son vrai nom Charles de Batz- Castelmore, était le capitaine-lieutenant.

(3)Certains folkloristes y voient la préfiguration de nos batteries de Marche.

Bibliographie :

• Ancêtres des gardes gouvernementales et de la garde impériale par le Cdt Bucquoy.

• Journal Historique des deux Compagnies des Mousquetaires du Roi et Institution des deux Compagnies des Mousquetaires du Roi, par Simon Lamoral Le Pipre de Neuville.

• Mémoires de Monsieur d'Artagnan par Courtilz de Sandras - Texte présenté et annoté par Gilbert Sigaux - Le Mercure de France.

• Merci à Marine Vandersmissen, membre de la Jeune Marche de Beignée, pour ses nombreuses recherches sur Internet.

 

Un pour tous ! Tous pour un ! Quelle force anime les Mousquetaires, selon Alexandre Dumas ? Une superbe amitié ! répond l'Abbé Max Vilain (*) Merveilleux Dumas ! Qui n'a lu avec passion l'histoire de ces «Trois Mousquetaires» qui étaient quatre ? Quatre hommes dévoués les uns aux autres depuis la bourse jusqu'à la vie, quatre hommes se soutenant toujours, ne reculant jamais…Force unique quatre fois multipliée avec laquelle d'Artagnan ne doutait pas que, comme avec le levier que cherchaitArchimède, on ne parvînt à soulever le monde. Dans «Vingt ans après», l'auteur ne dissimule pas que, séparé des trois autres, d'Artagnan a perdu «sa jeunesse et sa poésie». Le beau lieutenant des mousquetaires est devenu «un véritable troupier ». Mais il reconstitue l'équipe pour de nouvelles aventures. Chacun, au contact de ses amis, ressuscite à sa manière et fait reculer superbement la marche des années. Puis, dans «Le Vicomte de Bragelonne ou dix ans plus tard», Athos et d'Artagnan se rejoignent encore dans une expédition périlleuse.

• C'était la jeunesse, dit Athos, la généreuse saison.

• Athos, voulez-vous que je vous dise ?… Du temps passé… je ne regrette absolument rien, rien que notre amitié…

• Ne regrettez pas notre amitié; elle ne mourra qu'avec nous.

A la fin du dernier gros volume, d'Artagnan n'expire qu'après un au revoir lancé aux trois autres, morts ou vivants. Oui, splendide histoire, merveilles de l'amitié.

(*) L'AbbéMax Vilain est membre desArtistes de Thudinie. «Superbe amitié» est extrait de «Ces billets du matin» - Editions de La Dryade - 1987.

Le saviez-vous ?

Les armées du roi Louis XIII chantaient déjà «Auprès de ma blonde». «Le Pas Ordinaire» du Premier Empire, également appelé «Au Champ d’Honneur», s’inspire de «la Marche Tactique», qui fut composée en 1756 par le Chevalier De Liron, Mousquetaire du Roi.

Pendant tout le 17e siècle, les armuriers vont alléger ce mousquet et essayer de remplacer la mèche par un autre système. Ce sera le rouet avec lamise à feu se faisant par frottement. Ensuite, on aura le «mousquet à silex» ou fusil à pierre.

Pourquoi des Mousquetaires dans nos Marches ?

Dans son livre «El tour dèl Mad’lène», Robert Arcq écrit : «Les goûts littéraires de l’époque influencent aussi le choix des uniformes. En 1885, au moment où, grâce aux colporteurs, les romans de cape et d’épée mis à l’honneur par Alexandre Dumas recueillent un succès grandissant dans les couches populaires, un groupe de Mousquetaires se crée au Fond Eliaers et un autre à la Coupe». Maurice Des Ombiaux s’est beaucoup intéressé aux Marcheurs thudiniens. Dans son roman «Le Coq d’Aousse», il raconte comment le marquis, châtelain du Fostiau, soignait sa popularité : «Pour la procession semi-religieuse et semi-militaire qui s’y déroulait à l’époque des pommiers en fleurs, il équipait une escouade de mousquetaires composée des fils de ses principaux fermiers et commandée par l’intendant. Maulord accompagnait les cavaliers emplumés dont la grande pèlerine en velours violet traînait sur la croupe du cheval, en veste rouge de piqueur et jouant du cor. Le contingent du Fostiau était le plus beau de la procession. Le cor de Maulord qui sonnait lorsqu’aux reposoirs le saint sacrement était présenté à la foule, plongeait les auditeurs dans une sorte d’extase». A Sart-Saint-Laurent, en vue de préparer la Septennale de 1921, une bande de copains se rendent chez différents costumiers dont le célèbre «Grenadier de Givet», qui possède une vaste pa - noplie d'uniformes d'époque. Rien ne leur convient. En visitant un dernier «louageur» du côté de Tournai, ils découvrent des habits de velours et de dentelles. C'est le coup de coeur. «Un pour tous, tous pour un !» traduit parfaitement l'esprit du groupe. Nous serons Mous - quetaires ! Ils reçoivent leur premier drapeau en 1956, un drapeau réalisé par les Carmélites de Floreffe et qui sera remplacé en 1984 ; de même ils confectionnent de nouveaux costumes magnifiques, aux soubrevestes bleues (casaques sans manches), qui apportent une touche de couleur supplémentaire à la palette déjà constituée par les autres pelotons sartois.