Le canon (du latin canna, « tube ») désigne une arme à feu tubulaire (l'âme) de grande taille destinée à lancer sur une grande distance un projectile lourd, qui était initialement un boulet, c'est-à-dire une boule de pierre, de fer ou de fonte.
Canon de la compagnie des artilleurs de Châtelet
A l'origine, on utilisait le mot « bombarde » mais dès le XVe siècle, cette appellation est réservée aux plus grosses pièces d'artillerie et on utilise le mot « canon » pour les autres. Plus tard, une distinction sera faite entre les différentes gueules à feu et on utilisera les appellations canon, obusier ou mortier selon les caractéristiques de l'arme.
Utilisation des canons dans les marches folkloriques
Les canons sont utilisés par les canonniers (artilleurs), dans nos marches folkloriques, pour tirer des salves en honneur aux reliques et aux personnalités du jour.
Salve du canon de la compagnie des Artilleurs de la Marche St-Roch de Châtelet
Modèles de canons dans les marches folkloriques
Les modèles de canons utilisés dans les marches folkloriques sont des canons à âme lisse, dont seuls la taille, le poids, la forme peuvent légèrement varier.
Historique
La première façon d'atteindre l'ennemi avec des projectiles, fut de les lancer grâce à l'énergie mécanique, d'un contrepoids (trébuchet, mangonneau) ou de la tension (catapulte) ou encore la torsion (baliste) d'un cordage, accumulée et libérée d'un coup donnant alors la force capable d'envoyer à distance une charge vers l'adversaire. Celle-ci dépendait du type d'engin utilisé ; on trouvait ainsi des javelots ou des pierres, mais aussi des projectiles incendiaires ou « bactériologiques » comme des carcasses d'animaux malades. La plupart de ces engins étaient destinés aux opérations de siège, aussi bien dans l'attaque que dans la défense.
L’artillerie connaît un progrès important avec la découverte d'une énergie propulsive, rapidement et directement utilisable, la poudre noire. Après quelques essais décevants de fusées incendiaires, on imagina d'utiliser les gaz produits par la déflagration comme propulseur dans un tube pour lancer un boulet, la bombarde était née.
La métallurgie médiévale ne permettait pas de réaliser des canons d'un bloc, ceux-ci était réalisés d'une manière analogue aux tonneaux, avec des pièces de fer forgé ou même de bois tenues ensemble par des cerclages en fer ou même en cuir (en Italie par exemple). Dans ces conditions, les tubes éclataient très souvent. De ce fait, les charges de poudre étaient limitées, réduisant ainsi la portée et la puissance à l'impact. À la fin du Moyen Âge, l'artillerie de siège est devenue de plus en plus efficace de telle sorte que les techniques de fortification doivent être repensées de fond en comble. Il n'existe plus alors de fort imprenable, plus un mur est haut, plus il est vulnérable au tir des boulets métalliques.
Peu à peu, la métallurgie trouva de meilleures techniques et matériaux pour la fabrication des pièces, on commença à utiliser le bronze qui, bien que plus coûteux, présentait l'avantage de se déformer plutôt que d'éclater. Parallèlement, on travailla aussi à rendre l'artillerie plus mobile, en plaçant l'arme sur un affût à roue. C'est cette innovation qui marque le passage de la bombarde au canon, permet également un pointage plus aisé en portée.
Les canons du 1er Empire (1804-1815)
Les canons utilisés avant et sous le 1er Empire, sont des canons à âme lisse. En 1776, avant l'arrivée de Napoléon au pouvoir, le ministre de la Guerre commande à Jean-Baptiste Vaquette de Gribeauval, d'améliorer l'artillerie. Impressionné par les réformes opérées dans l'artillerie prussienne et autrichienne, il s’attache à rationaliser l'artillerie et à la rendre à la fois plus résistante et plus mobile sur le champ de bataille. Avec son collègue, il standardise et diminue le nombre des calibres de canons.
Cette artillerie à tube en bronze ou en fer comprend des pièces tirant des boulets de 4, 8 et 12 livres (soit environ 2, 4 et 6 kg). La portée pratique est d'environ 600 mètres à mitraille et de 800 m pour les boulets. Par ricochet ceux-ci pouvaient tuer jusqu'à 2000 m. Ce canon permettait de tirer deux coups à la minute.
(A-B-C) canons de 12, 8 et 4 -(D-E)- obusiers de 6 et de 8 -(F)- affût en position -(G)- Détail du système de hausse du canon
Les pièces de campagne principales du 1er empire sont les pièces de 12 livres! En principe, pour le service d'une pièce de 12, il fallait deux canonniers, six servants principaux, plus sept servants d'infanterie si besoin.
Canon de 12 livres Gribeauval
Les canons du 2ème Empire (1852-1870)
Les canons rayés, apparus en France avec le système Lahitte (1858), apportent une nouvelle innovation, en imprimant un mouvement de rotation au projectile (obus, obus à balles ou mitraille), améliorant ainsi la précision et la portée (3000m) par rapport aux canons à âme lisse. Le chargement s'effectue toujours par la gueule.
Canon de montagne de 4, modèle 1859 Le Pétulant Exemple d'âme rayée (canon 105 mm de 1859)
Chargement du canon
Le chargement des canons se fait par la gueule. La première opération est le chargement :
- la lanterne (ou cuillère, à long manche) sert à déposer la charge de poudre.
- le refouloir (en forme de tampon sur un manche) sert à enfoncer et tasser la poudre dans le canon.
Une fois le canon chargé, de la poudre fine est versée dans la lumière (cheminée) pour amorcer la charge, avant que la flamme soit apportée par le boutefeu (manche autour duquel est enroulée une mèche allumée ou avec une cigarette).
Une fois le coup tiré, le fût du canon est débarrassé des débris du tir avec une brosse (dotée d’un long manche), puis nettoyé avec un écouvillon (doux).
Entretien d'un canon à poudre noire
Sources: